La joie chez les Pères de l'Eglise...
(et quelques auteurs chrétiens ultérieurs)

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Chapitre 2e

Joie et miséricorde (suite)

Le pardon de Dieu dans l'histoire des hommes

A différentes époques on trouve des commentaires sur la joie liée à la miséricorde. C'est le cas chez Basile de Césarée (329-374), ami de Grégoire de Nazianze, frère de Grégoire de Nysse (tous trois sont les Pères qu'on appelle les Cappadociens) ; dans ses Grandes règles monastiques Basile souligne le bonheur de l'homme qui reçoit la miséricorde de Dieu (Quest. 2, rép. 2-4) :

"Voici le bienfait qu'il est absolument impossible d'oublier, que tout homme, doué d'intelligence et de saine raison, ne peut passer sous silence, et dont cependant personne ne peut parler comme il faudrait. Dieu avait créé l'homme à son image et ressemblance ; il l'avait rendu digne de le connaître lui-même ; il l'avait mis au-dessus des autres animaux en le dotant de la raison ; il lui avait donné la jouissance des incomparables beautés du Paradis et avait fait de lui le souverain de tout ce qu'il y a sur la terre. Puis l'homme se laissa tromper par le serpent, tomba dans le péché et, par le péché, dans la mort et dans tous les maux qui y conduisent. Cependant, Dieu ne l'abandonna pas. Il lui donna d'abord le secours de la Loi ; il désigna les anges pour le garder et prendre soin de lui ; il envoya des prophètes pour lui reprocher sa méchanceté et lui enseigner la vertu ; il brisa par des menaces ses tendances au mal, et excita par des promesses son attrait pour le bien, en montrant continuellement, par des exemples divers, l'aboutissement de ces deux chemins. Et, alors qu'après tous ces bienfaits et beaucoup d'autres, nous nous obstinions dans la désobéissance, Dieu ne s'est pas détourné de nous. Non, la bonté du Seigneur ne nous a pas abandonnés et nous n'avons pas découragé son amour envers nous, bien que nous ayons outragé notre bienfaiteur en demeurant insensibles à toutes ses attentions. Bien au contraire, nous avons été tirés de la mort et rendus à la vie par notre Seigneur Jésus-Christ."

Nous sont ainsi rappelés les différents pardons de Dieu dans l'histoire des hommes : Adam, le secours de la Loi, le rôle des prophètes qui étaient chargés de montrer le chemin, la venue du Fils de Dieu, alliance définitive, miséricorde définitive…

C'est à travers la miséricorde que l'homme est divinisé

Grégoire de Nysse, le troisième Cappadocien, a aussi écrit sur la miséricorde : son commentaire sur la 5e Béatitude porte naturellement sur la miséricorde, source de la béatitude divine à laquelle l'homme est promis :

"Si l'Ecriture appelle Dieu le miséricordieux, si la véritable béatitude est Dieu lui-même, il est évident, par voie de conséquence, qu'un homme qui se fait miséricordieux devient digne de la béatitude divine, car il est parvenu à ce qui caractérise Dieu : Le Seigneur est juste et miséricordieux, Dieu a pitié de nous. (Ps 114, 5). Comment ne serait-ce pas un bonheur pour l'homme que d'être appelé, grâce à sa conduite, du nom qui désigne Dieu dans son action ?" (Les Béatitudes, Les Pères dans la foi", p. 70)
"La miséricorde est donc la mère de la bonté, le gage de l'affection, le lien de toute amitié. Que pourrait-on imaginer de plus sûr dans la vie que cette sécurité-là A juste titre le Verbe déclare "heureux le miséricordieux", puisque ce vocable recouvre des biens si nombreux. Que ce conseil soit utile, tous doivent le reconnaître" (ibid., p. 73)

Y a-t-il possibilité pour les ténèbres d'entrer en communion avec la lumière ? Le rôle de la "confession".

Augustin, lui-même, dans son Commentaire de la 1ère Epitre de Jean, se demande comment il peut y avoir communion (source de toute joie) entre Dieu qui est lumière, et nous les hommes, qui sommes ténèbres du fait de notre péché :

"Il nous faut entrer en communion avec Dieu, il n'y a pas d'autre espoir de vie éternelle. Mais "Dieu est lumière et en lui il n'y a pas de ténèbres" ; or, les iniquités sont ténèbres ; nos iniquités nous accablent et nous empêchent d'entrer en communion avec Dieu. Alors, quel espoir avons-nous ? Ne vous avais-je pas promis de vous dire en ces jours des paroles de joie ? S'il n'y paraît pas, c'est que voilà bien ce qui nous attriste : "Dieu est lumière, et en lui il n'y a pas de ténèbres" ; nos péchés sont ténèbres : qu'en sera-t-il de nous ?" (I, 5, p. 123)

Il convient alors au pécheur de confesser son péché, car

"Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous abusons et la vérité n'est pas en nous. Donc, si tu confesses que tu es pécheur, la vérité est en toi, car la vérité même est lumière. Ta vie n'a pas encore sa pleine splendeur, parce que s'y trouve le péché ; déjà pourtant tu commences à être éclairé, parce que s'y trouve la confession des péchés…" (I, 6, p. 127)

Et le Christ se fait notre avocat auprès du Père : si nous reconnaissons que nous sommes pécheurs, le Christ nous purifie car "il est fidèle et juste" (I, 7, p. 129). Mais la deuxième condition qui est essentielle est d'aimer nos frères, et d'aimer même nos ennemis, comme le Christ nous a aimés alors que nous étions ses ennemis, pour être parfaits dans la dilection et ainsi connaître la miséricorde de Dieu, source de la joie véritable.

Peut-on vouloir recevoir, mais sans donner ?

Césaire d'Arles (470-543), dans son Homélie sur la Miséricorde, 25, 1, commentant "Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde", souligne que "Tous veulent recevoir la miséricorde, mais il y en a peu qui veulent la donner" :

"Et toi, de quel front oses-tu demander ce que tu négliges de donner ? Il doit commencer par faire miséricorde en ce monde, celui qui souhaite la recevoir dans le ciel. Aussi, frères très chers, puisque nous voulons tous la miséricorde, prenons-la comme protectrice en ce monde, pour qu'elle nous délivre dans le monde à venir. Il y a en effet une miséricorde dans le ciel, à laquelle on parvient par les miséricordes terrestres. L'Ecriture le dit bien : Seigneur, ta miséricorde est dans le ciel".

Il y a donc une miséricorde sur la terre et une autre dans le ciel, c'est-à-dire l'une, humaine et l'autre, divine. Comment définir la miséricorde humaine ? C'est que tu prennes garde aux misères des pauvres. Comment définir la miséricorde divine ? Sans aucun doute, c'est qu'elle accorde le pardon des péchés. Tout ce que la miséricorde humaine dépense dans le voyage, la miséricorde divine le rend dans la patrie. Car c'est Dieu qui, en ce monde, souffre du froid et de la faim en tous les pauvres, comme il l'a dit lui-même : Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait. Dieu qui, du haut du ciel, veut donner, sur la terre veut recevoir.

Quelle sorte de gens sommes-nous donc, nous qui voulons recevoir lorsque Dieu donne ; et lorsqu'il demande, nous ne voulons pas donner ? Quand le pauvre a faim, c'est le Christ qui est dans l'indigence, comme il le dit lui-même : J'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger. Ne méprise donc pas la misère des pauvres, si tu veux espérer avec confiance le pardon de tes péchés. Le Christ a faim maintenant, mes frères, lui-même a voulu avoir faim et soif dans la personne de tous les pauvres ; et ce qu'il reçoit sur la terre, il le rend dans le ciel."

La confiance dans la miséricorde de Dieu

Saint Bernard (1090-1153), que nous retrouverons bien souvent à propos de la joie, nous livre des commentaires sur la miséricorde infinie de Dieu dans son Homélie sur le Cantique des Cantiques : C'est la confiance dans cette miséricorde divine qui domine, donnant joie et sérénité à celui qui ne se décourage jamais :

"Où donc notre fragilité peut-elle trouver repos et sécurité, sinon dans les plaies du Sauveur ? Je m'y sens d'autant plus protégé que son salut est plus puissant. L'univers chancelle, le corps pèse de tout son poids, le diable tend ses pièges : je ne tombe pas, car je suis campé sur un roc solide. J'ai commis quelque grave péché : ma conscience se trouble, mais elle ne perd pas courage, puisque je me souviens des plaies du Seigneur, qui a été transpercé à cause de mes fautes. Rien n'est à ce point voué à la mort que la mort du Christ ne puisse le libérer. Dès que je pense à cette médecine si forte et efficace, la pire des maladies ne m'effraie plus.
[…]
Pour moi, ce qui me manque par ma faute, je le tire hardiment des entrailles du Seigneur, car la miséricorde y abonde, et elles sont percées d'assez de plaies pour que l'effusion se produise. Ils ont percé ses mains, ses pieds, et d'un coup de lance son côté. Par ces trous béants, je puis goûter le miel de ce roc et l'huile qui coule de la pierre très dure, c'est-à-dire goûter et voir combien le Seigneur est bon. Il formait des pensées de paix et je ne le savais pas…" (61).

La confiance génère la joie et la paix. Et on peut voir que les attributs de la miséricorde sont souvent exactement ceux de la joie : lumière, paix, douceur…

La douceur de la miséricorde

Un contemporain de Bernard de Clairvaux, Aelred de Rievaux (1110-1166), souligne dans Le miroir de la charité, III, 5, le lien entre le pardon et la douceur, la douceur et le repos de la miséricorde, le bonheur plus parfait…

"En attendant cette admirable parole, pleine de douceur, d'amour et d'imperturbable sérénité : Père pardonne-leur, que pourrait-on ajouter à la douceur et à la charité de cette prière ?
Et pourtant le Seigneur ajouta quelque chose. Il ne se contenta pas de prier, il voulut aussi excuser ; Père, dit-il, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. Ils sont sans doute de grands pécheurs, mais ils en ont à peine conscience ; c'est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils crucifient, mais ils ne savent pas qui ils crucifient, car s'ils l'avaient su, ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. C'est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils pensent qu'il s'agit d'un transgresseur de la Loi, d'un usurpateur de la divinité, d'un séducteur du peuple. Je leur ai dissimulé mon visage. Ils n'ont pas reconnu ma majesté. C'est pourquoi, Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font.
Pour apprendre à aimer, que l'homme ne se laisse donc pas entraîner par les impulsions de la chair. Et afin de n'être pas pris par cette convoitise, qu'il porte toute son affection à la douce patience de la chair du Seigneur. Pour trouver un repos plus parfait et plus heureux dans les délices de la charité fraternelle, qu'il étreigne aussi ses ennemis dans les bras du véritable amour."

Les mots-clefs ici sont : repos plus parfait et plus heureux, délices de la charité fraternelle… Tout ceci ne peut être acquis que dans la miséricorde, le pardon donné même aux ennemis.

Comment acquérir la joie et la donner dans la préparation des catéchumènes ?

Grégoire de Nazianze, qui parlait du baptême du Christ, n'est pas le seul à avoir rappelé que le baptême est joie (joie pour Dieu, mais joie bien sûr pour le baptisé, et pour toute la communauté chrétienne). Le baptême, lieu de la miséricorde de Dieu est aussi le lieu de la plus grande joie et la préparation des catéchumènes est marquée par la joie : joie du catéchumène (découverte progressive de cette joie qui habite celui qui vit dans l'Amour de Dieu), mais aussi joie de celui qui l'accompagne, le guide.

Hilaire de Poitiers : "Nous qui avons reçu par le sacrement de baptême la nouvelle naissance, nous éprouvons une grande joie lorsque nous ressentons en nous les premières avances de l'Esprit Saint, lorsque s'éveille en nous l'intelligence des mystères, la connaissance des prophéties, la parole de sagesse, les charismes de guérison et la domination sur les démons. Tout cela nous pénètre comme des ondées, et peu à peu ce que nous avons semé se développe en une moisson abondante." (Comment. sur le Ps 64, 14-15)

Augustin : "La joie de l'action catéchétique" : titre donné par Goulven Madec dans la Bibliothèque Augustinienne pour le chapitre 10, 14 à 14, 22 du De Catechizandis rudibus (six remèdes proposés au découragement du catéchiste). C'est effectivement de joi qu'il est question : "je dois te parler de la façon d'acquérir la joie…" (p. 95, 10, 14)

Augustin insiste : comment le catéchumène pourrait-il être dans la joie si celui qui l'instruit ne connaît pas cette joie lui-même, s'il n'"exulte de ferveur spirituelle" et s'il ne se réjouit "dans la tranquillité d'une œuvre bonne", car Dieu aime qui donne avec joie [ 2 Co 9, 7]" - citation qu'Augustin reprendra plusieurs fois. (De catechizandis rudibus, 10, 14). Augustin justifie même cette joie qui doit habiter le catéchiste par l'efficacité :

"On nous écoute bien plus volontiers lorsque nous-mêmes nous prenons plaisi à l'ouvrage. La trame de notre parole est marquée de notre propre joie ; elle coule plus aisée, plus prenante" (2, 4, p. 53).

Le souci principal du catéchiste concerne donc la joie :

"Aussi l'affaire difficile n'est pas de fixer, dans les matières de foi que nous enseignons, les points où doit commencer et finir le récit, ni la manière de varier le récit de sorte que, tantôt plus court, tantôt plus long, il soit toujours complet et achevé, ni quand il faut le faire ou plus court ou plus long ; mais le souci principal concerne les moyens à mettre en œuvre pour que chaque catéchiste travaille dans la joie, - car il sera d'autant plus attrayant qu'il y réussira -. Et, en vérité, le précepte sur ce point est à portée de la main : si, lorsqu'il s'agit d'argent matériel, Dieu aime qui donne avec joie, combien plus lorsqu'il s'agit d'argent spirituel ! Mais la présence de cette joie à l'heure dite relève de la miséricorde de celui qui donne ces préceptes." (2, 4, pp. 53-55).

Cette joie devra croître tout au long du catéchuménat : de la contemplation joyeuse des œuvre faites de main d'homme, le catéchumène doit découvrir la plus grande joie encore de contempler les œuvres du créateur :

"…Si nous avons déjà fait quelque progrès dans la contemplation, nous ne voulons pas désormais que ceux que nous aimons en restent à se réjouir et à s'extasier au spectacle des œuvres faites de main d'homme ; nous voulons les faire monter jusqu'à l'art ou le dessein de l'auteur, et qu'ils s'élèvent de là jusqu'à l'admiration et à la louange de Dieu, créateur universel, en qui est la fin souverainement féconde de l'amour. Combien plus, par conséquent, nous faut-il nous réjouir, quand les hommes viennent disposés à apprendre à connaître Dieu lui-même, en vue de qui doit être appris tout ce qui doit être appris ! Combien plus aussi devons-nous nous renouveler dans leur nouveauté, de sorte que, si notre prédication habituelle est un peu froide, elle se réchauffe au contact d'un auditoire inhabituel !
A ceci s'ajoute, pour acquérir la joie, le fait que nous voyons par la pensée et la méditation de quelle mort de l'erreur l'homme passe à la vie de la foi. Et, si nous traversons des quartiers très familiers avec la joie de rendre service, quand nous indiquons sa route à quelqu'un qui avait peiné d'aventure à errer de-ci de-là, combien plus allègrement, avec quelle joie plus grande devons-nous cheminer dans la doctrine du salut, de même à travers les notions que nous n'avons plus besoin de revoir pour notre propre compte, quand nous guidons sur les chemins de la paix une âme digne de pitié, lasse des erreurs de ce monde, sur l'ordre de celui qui nous a procuré cette paix." (De cat. Rud,12-17, pp. 111 sq).

La miséricorde est reçue dans l'Eglise

Isaac de l'Etoile (vers 1147) rappelle que c'est dans l'Eglise que le Christ pardonne :

"L'Eglise ne peut donc rien pardonner sans le Christ ; et le Christ ne veut rien pardonner sans l'Eglise. L'Eglise ne peut rien pardonner sinon à celui qui se convertit, c'est-à-dire à celui que le Christ a d'abord touché. Le Christ ne veut pas accorder son pardon à celui qui méprise l'Eglise"

et rappelant ces paroles de Paul "Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare donc pas Ce mystère est grand, je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l'Eglise" [Ep 5, 32], Isaac de l'Etoile ajoute :

"Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n'empêche pas le Christ d'exister tout entier ; car le Christ n'existe nulle part tout entier sans l'Eglise, ni l'Eglise sans le Christ. Le Christ total, intégral, c'est la tête et le corps… " (Livre des Jours p. 1041)

La joie totale, c'est précisément cette union de la tête du corps, cette totalité trouvée dans l'amour et la miséricorde infinie de Dieu, chemin de notre propre miséricorde.

Conclusion : la générosité de Dieu

Nous laisserons Grégoire de Nazianze conclure en nous redisant du Verbe de Dieu qu'"il est devenu pauvre, pour que [nous devenions] riches par sa générosité" :

"Le Verbe de Dieu qui est éternel, invisible, incompréhensible, incorporel, principe né du principe, lumière née de la lumière, source de la vie et de l'immortalité, empreinte exacte du premier modèle et pensée de celui-ci, progresse vers son image Il prend chair pour sauver la chair, il s'unit à une âme raisonnable pour sauver mon âme ; il veut purifier le semblable par le semblable et il devient totalement homme, sauf en ce qui concerne le péché.

Il est conçu par la Vierge, préalablement purifiée par le Saint-Esprit dans son âme et dans sa chair, car, s'il fallait honorer la génération, il fallait honorer davantage la virginité. Il se présente comme Dieu incarné, formant un seul être de deux principes opposés, la chair et l'esprit. L'esprit donnant la divinité, la chair était divinisée. […]

Lui qui enrichit les autres s'appauvrit, car il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit. Il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude.

Quel trésor de bonté ! Quel grand mystère en ma faveur ! J'ai reçu l'image, et je ne l'ai pas gardée. Le Verbe a participé à ma chair afin de sauver l'image et de rendre la chair immortelle ! Il s'unit à nous par une deuxième union, beaucoup plus étonnante que la première. |…]

Il fallait que l'homme soit sanctifié par un Dieu devenu homme ; après avoir terrassé notre tyran, il nous délivrerait et nous ramènerait vers lui, par la médiation du Fils, pour l'honneur du Père. C'est ainsi que le Fils se montre obéissant en toutes choses envers lui, pour accomplir son plan de salut. […]

Ce bon Pasteur est venu rechercher la brebis égarée, en donnant sa vie pour ses brebis, sur les montagnes et les collines où tu offrais des sacrifices. Il a retrouvé celle qui était égarée, il l'a chargée sur ces épaules qui ont porté aussi le bois de la croix et, après l'avoir saisie, il l'a ramenée à la vie d'en haut. […]

Cette lumière éclatante du Verbe est précédée par la lampe qui brûle et qui éclaire ; la Parole, par la voix qui crie dans le désert ; l'Epoux, par l'ami de l'Epoux, celui qui prépare pour le Seigneur un peuple choisi en le purifiant dans l'eau en vue de l'Esprit. […]

Il nous a fallu un Dieu qui s'incarne et qui meure pour que nous vivions. Nous sommes morts avec lui pour être purifiés ; morts avec lui, nous sommes ressuscités avec lui ; ressuscités avec lui, avec lui nous sommes glorifiés."

Homélie pour la Pâque (Hom. 45), 9.22.26.28

Il n'y a de véritable miséricorde que de Dieu, mais l'homme pardonné et qui pardonne à son tour connaît la joie, et la joie déjà en ce monde : joie de celui qui donne, joie de celui qui reçoit… Quelle est la plus grande joie : donner, recevoir ? Grand paradoxe de l'Amour. Amour reçu de Dieu, car Dieu nous a aimés le premier. Amour surprise, amour émerveillement. Et Amour en retour, car en Dieu on ne peut qu'aimer qui vous aime… Et tout donner à celui qu'on aime…

Que retenir de cette joie dans la miséricorde (ce que nous a appris ce chapitre) ? Quelques points de méditation :

Suite du cours

Ce site a été réalisé et est remis à jour par Marie-Christine Hazaël-Massieux.