Chapitre 4e : La Trinité (fin)
- 2. Le Chapitre 8 de St Jean commenté principalement dans le Tract. 39
Lire Jn 8, 12-30… et jusqu'à 59.
Dans la 39e Homélie, Augustin commence par souligner que la question qui est au cœur de
Jn 8 c'est effectivement la question posée à Jésus : "Toi, qui es-tu ?" à laquelle Jésus va
répondre, de fait, en révélant la Trinité : effectivement quand Jésus répond : "Le Principe,
parce que je vous parle aussi", Augustin commente ce passage (texte Jn 8, 25 dont toutes les
traductions avouent la difficulté : la traduction
de la Bible de Jérusalem (BJ) rend cela par
"D'abord ce que je vous dis", la Traduction
Oecuménique de la Bible (TOB) par "Ce que je ne
cesse de vous dire depuis le commencement.") en affirmant une nouvelle fois que le Père,
le Fils et le St-Esprit sont un seul Principe : ils sont trois, mais il n'y a pas trois dieux.
Et Augustin invite son auditoire :
"Tenons sans l'obscurité d'aucune ombre ce que nous comprenons, croyons
sans le moindre doute, ce que nous ne comprenons pas." (39, 3, p. 281 - 73A)
Il tente alors d'expliquer en imaginant un dialogue avec quelqu'un qui ne comprend pas
pourquoi ils sont trois mais non pas trois dieux :
"Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu, et pourtant
le Père n'est pas le Fils, le Fils n'est pas le Père et le Saint-Esprit qui est l'Esprit
du Père et du Fils n'est ni le Père ni le Fils ; la Trinité est un seul Dieu, la Trinité est
une seule éternité, une seule puissance, une seule majesté : ils sont trois, mais ils ne sont
pas trois dieux. Qu'un chicaneur ne me réponde pas : Que sont donc ces trois ? En effet, dit-il,
s'ils sont trois, il faut que tu me dises ce que sont ces trois. Je réponds : Le Père, le Fils
et le Saint-Esprit. - Tu vois, dit-il, tu as parlé de trois, mais dis ce que sont ces trois.
- Compte toi-même au contraire, car, pour moi, je donne au nombre trois sa plénitude en disant :
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit. De fait, c'est en lui-même que le Père est Dieu et par
rapport au Fils qu'il est le Père, c'est en lui-même que le Fils est Dieu et par rapport au
Père qu'il est le Fils." (Tract. 39, 3).
Augustin propose diverses images car il sent bien son impuissance à se faire comprendre de
son auditoire, dont il veut surtout exciter la foi. Finalement pour une comparaison, il
renvoie à l'Ecriture : dans les Actes des Apôtres
(4, 32)(1), ne dit-on pas des premiers Chrétiens,
de plus en plus nombreux après la Pentecôte qu' "ils avaient une seule âme
et un seul cœur" [c'est nous qui soulignons] ? Augustin commente
donc : tant de milliers d'hommes et il y a un seul cœur. Si les hommes en Dieu ont un seul
cœur, combien plus Dieu lui-même est-il un seul. Reprenant Rm 5, 5, il résume :
"La charité de Dieu a été répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit
qui nous a été donné. Donc, si la charité de Dieu, répandue dans nos cœurs par le St-Esprit qui
nous a été donné, fait de beaucoup d'âmes une seule âme et de beaucoup de cœurs un seul cœur,
combien plus le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont-ils un seul Dieu, une seule Lumière et un
seul Principe !" (Tract. 39, 5, pp. 287-289).
Ainsi l'unité des premiers chrétiens de Jérusalem est une image de l'unité de la Trinité
(en même temps que suscitée par l'action de l'Esprit en eux (Esprit qui est la "communion
ineffable du Père et du Fils" - De Trin. 5, 11, 12).
- 3. Le Discours après la Cène
Le commentaire de ce que l'on appelle le "discours après la Cène" (Jn 14 - 17) est très long
chez Augustin. Il occupe les Tractatus 63 à 111 (c'est-à-dire presque la moitié de l'ensemble
(124 Tract.), avec en outre tout au long des Homélies sur l'Evangile de Saint Jean,
des références constantes à ce passage.
Un premier passage essentiel sur la Trinité se situe au Tract. 74, 1-2 (et Augustin y
reviendra au Tract. 94 à propos de "Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ;
au contraire, si je pars, je vous l'enverrai" (Jn 15, 7 : cf. diverses annonces de la venue du
Paraclet en Jn 14 et Jn 15) : Paroles mystérieuses du Christ : pourquoi annonce-t-il aux
apôtres qu'ils recevront l'Esprit ? Ils n'aimeraient pas le Christ, ne l'auraient pas connu
s'ils n'avaient déjà reçu l'Esprit qui ouvre à la foi les yeux de ceux qui sans lui ne
croiraient pas :
"Comment donc le Seigneur dit-il : Si vous m'aimez, gardez mes
commandements et, moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet [Jn, 14, 15-16],
en disant cela de l'Esprit Saint sans la possession duquel nous ne pouvons ni aimer Dieu ni
garder ses commandements ? Comment aimons-nous pour recevoir celui sans la possession duquel
nous ne sommes pas capables d'aimer ? Ou comment garderons-nous ses commandements pour recevoir
celui sans la possession duquel nous ne pouvons pas garder les commandements ? Faut-il penser
qu'il y a préalablement en nous la charité par laquelle nous aimons le Christ de telle sorte
qu'en aimant le Christ et en observant ses commandements nous mériterions de recevoir l'Esprit
Saint afin que, non pas la charité du Christ qui existait déjà en nous, mais la charité
de Dieu le Père soit répandue dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné
[Rm 5, 5] ? Cette manière de voir est vicieuse. En effet, celui qui croit aimer le Fils et
qui n'aime pas le Père n'aime certainement pas non plus le Fils, mais une idole qu'il s'est
fabriquée à lui-même. De plus, il y a cette parole de l'Apôtre : Personne ne dit :
Jésus est Seigneur si ce n'est dans l'Esprit Saint [I Cor, 12, 3], et qui, sinon celui
qui l'aime, déclare Jésus Seigneur s'il le déclare au sens où l'Apôtre veut qu'on le comprenne ?
[…]
Il reste donc la solution qui consiste à comprendre que celui qui aime possède l'Esprit Saint
et qu'en le possédant, il mérite de le posséder davantage et, en le possédant davantage,
d'aimer davantage. Les disciples possédaient donc déjà l'Esprit que le Seigneur leur promettait
et sans lequel ils ne le disaient pas Seigneur, et pourtant ils ne le possédaient pas encore
de la manière que le Seigneur le leur promettait. Ils le possédaient donc et ils ne le
possédaient pas, eux qui ne le possédaient pas encore autant qu'ils auraient dû le posséder.
Ils le possédaient un peu, il allait leur être donné davantage ; ils le possédaient d'une
manière cachée, ils allaient le recevoir d'une manière visible, car cela même relevait d'un don
plus grand du Saint-Esprit qu'ils découvrent ce qu'ils possédaient." (Tract. 74, 1-2)
Mais paroles également mystérieuses : "Est-ce que en restant ici-bas [le Christ] ne pouvait
pas envoyer [l'Esprit] ?" (Tract. 94, 4). De fait ces paroles signifient "Vous ne pouvez pas
recevoir l'Esprit Saint tant que vous persistez à connaître le Christ selon la chair" :
"Le Christ s'éloignant corporellement de ses disciples, non seulement le
Saint-Esprit, mais le Père et le Fils furent avec eux spirituellement. Car, si le Christ s'est
séparé d'eux de telle manière que le Saint-Esprit serait en eux à sa place, et non pas avec
lui, que devient la promesse qu'il leur a faite : Voici que je suis avec vous jusqu'à
la consommation du siècle [Mt 28, 20], et encore : Nous viendrons à lui, moi et le
Père, et nous ferons chez lui notre demeure [Jn, 14, 23], alors qu'il a promis
d'envoyer le Saint-Esprit de façon qu'il soit aussi avec eux à jamais [Jn 14, 17] ? Et donc,
quand de charnels ou de psychiques, ils seraient devenus spirituels, ils posséderaient avec
une plus grande capacité et le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit. Il ne faut pas croire
en effet que le Père est en qui que ce soit sans le Fils et le Saint-Esprit, ou le Père et le
Fils sans le Saint-Esprit, ou le Fils sans le Père et le Saint-Esprit, ou le Saint-Esprit sans
le Père et le Fils, ou le Père et le Saint-Esprit sans le Fils, mais là où est l'un d'entre
eux, là est la Trinité qui est un seul Dieu. Il fallait cependant que la Trinité soit exprimée
de telle sorte que, bien qu'il n'y ait en elle aucune diversité de substances, soit pourtant
mise en valeur la distinction des personnes là où, pour ceux qui comprennent justement, ne peut
jamais être vue une séparation des natures." (Tract. 94, 5)
A propos de "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, mon Père l'aimera, nous viendrons
à lui et nous ferons chez lui notre demeure" (Jn 14, 23), Augustin a effectivement insisté
pour qu'on n'imagine pas que Dieu viendrait Père et Fils sans l'Esprit :
"De plus, pour que personne n'en vienne à penser que, seuls, le Père et
le Fils, sans le Saint-Esprit, font leur demeure chez ceux qui les aiment, qu'on se rappelle ce
qui a été dit plus haut de l'Esprit Saint : Le monde ne peut pas le recevoir parce qu'il ne
le voit pas et qu'il ne le connaît pas, mais, vous, vous le connaîtrez parce qu'il demeure chez
vous et qu'il sera en vous [Jn, 14, 17]. Vous le voyez, le Saint-Esprit fait, avec le
Père et le Fils, sa demeure dans les saints, c'est-à-dire à l'intérieur d'eux, comme Dieu dans
son temple. Le Dieu Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, viennent à nous tandis que
nous venons à eux, ils viennent en nous secourant, nous venons en leur obéissant, ils viennent
en nous illuminant, nous venons en les contemplant, ils viennent en nous comblant, nous venons
en accueillant leurs dons de telle sorte que la vision que nous avons d'eux n'est pas pour nous
extérieure, mais intérieure, et que leur demeure en nous n'est pas transitoire, mais éternelle."
(Tract. 76, 4)
Une autre façon d'approcher le mystère de la Trinité est donnée à travers le Tract. 99 :
Pour Dieu, nous dit Augustin, il n'y aucune différence entre connaître, voir, entendre, on
pourrait dire encore qu'il n'y a aucune différence entre dire, connaître, aimer, être….
Alors que pour l'homme toutes ces activités ou les états souvent sont séparés : on peut dire
ce qu'on ne connaît pas, on peut voir sans connaître, etc. Pour Dieu c'est tout un : il n'y a
pas connaissance sans amour, Dieu est Amour etc. On ne peut pas plus séparer des "personnes"
qui seraient l'une la Parole, l'autre l'Amour, etc. (Tract. 99). Cette unité divine est encore
montrée à propos de l'Amour (en particulier commentaire de Jn 16, 27 mais aussi de I Jn 4, 19) :
""…le Père vous aime parce que vous m'avez aimé [Jn 16, 27]…" mais
"nous aimons parce que lui nous a aimés le premier" [I Jn 4, 19]. Ce qui a donc fait que nous
aimions, c'est que nous avons été aimés. Aimer Dieu est entièrement un don de Dieu. Lui qui
nous a aimés sans être aimé nous a donné de l'aimer. Nous qui lui déplaisions, nous avons été
aimés afin qu'il y ait en nous de quoi lui plaire.
En effet, nous n'aimerions pas le Fils si nous n'aimions pas aussi le Père. Le Père nous aime
parce que nous aimons le Fils, alors que nous avons reçu du Père et du Fils d'aimer et le Père
et le Fils. L'Esprit des deux répand en effet dans nos cœurs la charité et par cet Esprit nous
aimons le Père et le Fils et nous aimons cet Esprit avec le Père et le Fils…" (Tract. 102, 5).
A partir du Tract. 104 commence le commentaire de la "prière sacerdotale" (Jn 17) : la prière
de Jésus à son Père avant qu'il ne s'avance vers la mort :
On citera ici en rappel Jn 17, 1-3 :
Père, l'heure est venue: glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie
et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous
ceux que tu lui as donnés!
Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que
tu as envoyé, Jésus-Christ.
Augustin commente dans le Tract 105, 3
(2) :
"Or, la vie éternelle c'est qu'ils vous connaissent, vous le seul
Dieu véritable et Celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ (Jn 17, 3). Voici l'ordre
logique de cette phrase : "Afin qu'ils connaissent que vous et celui que vous avez envoyé,
Jésus-Christ, est le seul vrai Dieu.". Le Saint-Esprit est ici nécessairement compris, parce
qu'il est l'Esprit du Père et du Fils, et comme l'amour substantiel et consubstantiel de ces
deux personnes divines. Le Père et le Fils ne sont pas deux dieux, le Père, le Fils et le
Saint-Esprit ne sont pas trois dieux, mais la Trinité tout entière ne fait qu'un seul vrai
Dieu. Et cependant le Père n'est pas le même que le Fils, ni le fils le même que le Père, ni
le Saint-Esprit le même que le Père et le Fils ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit font
trois personnes distinctes, mais la Trinité ne fait qu'un seul Dieu. Si donc le Fils vous
glorifie "comme vous lui avez donné le pouvoir sur toute chair", si vous l'avez revêtu de ce
pouvoir afin qu'il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés "et que la vie
éternelle consiste à vous connaître", le Fils vous glorifie en vous faisant connaître à tous
ceux que vous lui avez donnés. Or, si la connaissance de Dieu est la vie éternelle, plus nous
avançons dans la connaissance de Dieu, plus aussi nous avançons vers la vie éternelle. La
mort n'a plus d'accès dans la vie éternelle, la connaissance de Dieu sera donc parfaite lorsque
la mort sera complètement détruite."
Augustin reprend alors ses explications sur la Trinité, en partant des relations entre le
Père et le Fils :
- Le Père est glorifié parce que le Fils l'a fait connaître à tous les hommes
- Ce passage sur la glorification du Père répond au passage du Tract. 63 sur la glorification
du Fils (au moment où sort Judas) : annonce directe de la Résurrection qui va pouvoir
s'accomplir : cf. Jn 13, 31 : "Maintenant le Fils de l'homme a été glorifié et Dieu a été
glorifié en lui." Avec le commentaire d'Augustin :
"C'est de cette glorification que l'Evangéliste avait déjà parlé, comme
je l'ai rappelé un peu auparavant, en disant que l'Esprit n'avait pas encore été donné de
manière nouvelle aux croyants auxquels il devait être donné de cette manière après la
Résurrection parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié (Jn 7, 39)
c'est-à-dire parce que sa mortalité n'avait pas encore été revêtue d'immortalité."
(Tract. 63, 3)
Noter une nouvelle fois l'association de l'Esprit. Le commentaire de Jn 17, va s'achever
avec le Tract. 111 par une nouvelle évocation de la Trinité (commentaire de la fin de la prière
de Jésus à son Père (Jn 17, 24-26)) :
Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi
soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire, que tu m'as donnée parce que tu m'as aimé
avant la fondation du monde.
Père juste, le monde ne t'a pas connu, mais moi je t'ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu
m'as envoyé.
Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l'amour dont tu m'as
aimé soit en eux et moi en eux.
St Augustin écrit :
"… il est impossible que le Père tout-puissant n'accomplisse pas le
désir exprimé par son Fils tout-puissant, car avec le Père et le Fils se trouve l'Esprit
saint, éternel comme eux, Dieu comme eux, l'unique Esprit du Père et du Fils et l'essence
même de leur volonté. Nous lisons, il est vrai, qu'aux approches de sa passion, le Sauveur
dit à son Père : "Cependant non comme je veux, mais comme vous voulez" (Mt, 26, 39) et semble
indiquer une différence entre la volonté du Père et la volonté du Fils ; mais c'est la voix
de notre infirmité, toute fidèle qu'elle est, que notre chef a prise sur lui, lorsqu'il s'est
chargé du poids de nos péchés. Or cette piété doit croire ici, sans difficulté, ce que notre
faiblesse ne nous permet pas encore de comprendre, c'est que le Père et le Fils n'ont qu'une
seule et même volonté, comme ils n'ont qu'un seul et même Esprit, et que la réunion de ces
trois personnes forme la Trinité divine." (Tract. 111, 1)
Il fallait s'attendre à ce qu'Augustin souligne la présence trinitaire lorsque, le soir
de Pâques, Jésus retrouve ses disciples et souffle sur eux :
"Les disciples donc se réjouirent à la vue du Seigneur. Il leur dit
de nouveau : La paix soit avec vous. (Jn 20, 21). Cette répétition est une confirmation
de ce qu'il leur a dit, car c'est lui qui ajoute à la paix la paix promise par le Prophète.
Comme mon Père m'a envoyé, leur dit-il, je vous envoie. Nous savons
que le Fils est égal à son Père, mais nous reconnaissons ici le langage du Médiateur. Il nous
montre, en effet, qu'il est médiateur en leur disant : Mon Père m'a envoyé, et moi je vous
envoie. Et après qu'il eut dit ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : Recevez
le Saint-Esprit (Jn, 20, 22). En soufflant sur eux, il leur enseigne que l'Esprit saint
n'est pas seulement l'Esprit du Père, mais qu'il est aussi le sien. Ceux à qui vous
remettrez les péchés, ils leur seront remis, et ceux à qui vous les retiendrez, ils seront
retenus (Jn, 10, 23). La charité de l'Eglise que le Saint-Esprit répand dans nos cœurs
remet les péchés de ceux qui entrent en participation de cette divine charité, mais elle les
retient à ceux qui n'y ont aucune part. Aussi, après leur avoir dit : "Recevez l'Esprit-Saint",
il parle aussitôt du pouvoir de remettre et de retenir les péchés." (Tract. 121, 4)
Conclusion
Que dire pour conclure ?
On retiendra d'abord de ces divers commentaires qu'ils n'ont pas tant pour but de nous faire
comprendre un mystère inépuisable que de nous faire méditer profondément
sur ce mystère de la Trinité pour que nous en vivions, que nous en soyons pénétrés.
Augustin reviendra à maintes reprises sur les difficultés de langage que nous rencontrons.
Les Trois sont inséparables, mais pour les faire connaître, l'Ecriture parle d'eux séparément !
"Toute la Trinité […] parle et enseigne, mais la faiblesse humaine serait
absolument incapable de la saisir si les Trois n'étaient pas aussi mis en valeur
individuellement. Comme la Trinité est absolument inséparable, on ne connaîtrait donc jamais
son existence si l'on parlait toujours d'elle d'une manière inséparable car, lorsque nous
disons le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit, nous ne les nommons pas évidemment ensemble
alors qu'eux-mêmes ne peuvent pas ne pas être ensemble." (Tract. 77, 2)
Le Christ tout au long de sa vie nous a révélé la Trinité. L'Evangile de Jean est sans doute
celui où est le plus présent le "je" qui s'adresse au Père (tu), en parlant de l'Esprit.
(1)
: Actes 4, 32 : "La multitude des croyants n'avait
qu'un coeur et qu'une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre eux tout
était commun."
(2)
: A partir du Tract. 104, je dois citer une autre
édition de St Augustin puisque les derniers sermons de sont pas encore parus dans la Bibliothèque
Augustienne, source des autres citations. Dans l'édition plus ancienne (Œuvres complètes de
Saint Augustin, traduites en français et annotées par Péronne, Ecalle, Vincent,
Charpentier, H. Barreau, Librairie de Louis Vivès, Editeur, 1869), Jésus vouvoie son Père
dans la traduction française.
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