Anne Lécu

"Marie de Magdala", extraits.

"Jean [l'Evangéliste] lui, ne dit rien [de Marie de Magdala].
Jamais il ne la nomme pécheresse.

Mais il encadre le mystère pascal de sa présence. Elle n'est citée que deux fois : au pied de la croix [Jn, 19, 25] et au matin de la résurrection [Jn 20, 1 ss].

Marie creuse une place où tous les pécheurs, les petits comme les grands, les meurtriers, les méchants, les menteurs, les médiocres, les voleurs, les bandits, les pauvres, les prostituées, les toxicomanes, les dealers, les mendiants, nous tous sans exception pouvons nous tenir si nous regardons vers le crucifié.

Et cette place creusée par Marie de Magdala au pied de la croix est toute prête dans le jardin de la résurrection, afin qu'à ceux-là, perdus et retrouvés, soit annoncée en premier la résurrection du Seigneur.

[...] Marie de Magdala, première apôtre, entraîne à sa suite tout un peuple de pécheurs, de boiteux, dans cette aventure où chacun de nous peut risquer un pas. Elle a beaucoup aimé, il lui a été beaucoup pardonné.

[...] Toi qui te crois indigne, toi qui te crois perdu, toi qui te sais pécheur, sois sûr que le Seigneur de toute grâce vient pour toi. Ta place est prête avec Marie de Magdala. Ta place est prête au pied de la croix, à côté de la mère du Seigneur, dont l'innocence préservée annonce celle qui t'est rendue. Ta place est prête au jardin et tes yeux, promis, verront le jour où tous nous danserons dans la cité neuve, immaculés devant Lui, dans l'amour (Eph 1, 4)."

(Marcher vers l'innocence. Quarante étapes à travers l'évangile de Jean, Cerf, 2015, pp. 21-23).

Anne Lécu, Dominicaine, est médecin en prison. Elle est auteur de magnifiques petits ouvrages publiés notamment au Cerf.