Anne Lécu

"Comme dans un film avec des flash-backs, nous voilà dans le secret de la rencontre entre Marie et l’ange ; témoins sans voix de ce que fait le souffle de Dieu quand il est reçu. À force de vivre ces derniers jours au rythme des annonciations, nos oreilles ont commencé à s’habituer au son de la voix de Dieu. Il n’y a là ni tremblement de terre, ni feu, ni tempête (1 Rois 19, 11-12), mais une femme, visitée par un ange à la voix de fin silence, qui lui annonce : "L’Esprit saint viendra sur toi."
On retrouvera cette femme, tout à la fin de l’Évangile selon Jean, debout, auprès de son Fils crucifié, à l’heure où il remettra l’Esprit (Jean 19, 25-30). Et c’est parce qu’elle sera là à la dernière heure qu’elle est là dès la première heure. Debout dans la nuit, peut-être prie-t-elle encore son Dieu comme au premier jour : "Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole." Marie, d’un bout à l’autre de sa vie si discrète, nous apprend l’Esprit. Elle nous apprend qu’il n’y a rien de plus charnel que l’Esprit, qu’il est en nous la condition de notre incarnation, et qu’il suffit de l’accueillir pour ce qu’il est : l’humble vie de Dieu, qui frappe à la porte avant d’entrer.
Elle nous apprend que si elle a entendu le bruissement des ailes de l’ange et répondu "oui" à ce souffle de fin silence, nous pouvons tous en faire autant. Elle nous apprend que cet Esprit n’a pas de frontière, qu’il parle toutes les langues. Elle nous apprend que cet Esprit, c’est la présence même de Dieu, lorsqu’il se fait chair, la douceur même de Dieu au creux de nos entrailles quand nous le laissons nous enfanter."

("Se laisser enfanter", Méditation pour la Retraite "Avent dans la ville", 20 décembre 2017).