H. Urs von Balthasar

"Comprendre une parole de résurrection"

"Seul l'homme nouveau a une capacité de compréhension assez vaste pour saisir la parole sur la résurrection. Il doit être capable de la recevoir dans toute sa dimension concrète et sensible, sans la spiritualiser et sans la "retenir", en lui permettant toute forme d'ascension et d'existence spirituelle. Dans ce processus, il doit se laisser renouveler dans ses dimensions à la fois charnelles et spirituelles.
Parce qu'il n'est pas encore ressuscité corporellement, il participe à la résurrection uniquement par le fait que quotidiennement, en lui, l'homme extérieur tombe en ruines (2 Co 4, 16) ; et il n'atteint les dimensions exigées qu'en étant jour après jour réajusté par la grâce. Le plus souvent, les hommes terrestres ne reconnaissent pas le Seigneur ressuscité, ils marchent à ses côtés en conversant avec lui, sans même savoir quelle est la personne qui leur parle. Les yeux de ressuscités ne fonctionnent pas comme des organes naturels, mais ne sont que prêtés au coup par coup, dans l'événement de l'effraction de l'ancienne tombe et du rayonnement de la nouvelle vérité. Madeleine ne parle aux anges pas seulement à travers un rideau de larmes, mais elle se retourne une première fois sans reconnaître Jésus, ni sa voix ni sa silhouette, le prenant pour le jardinier (cf. Jn 20, 14) ; ce n'est qu'en se retournant une deuxième fois, lorsque la parole du Ressuscité s'adresse directement à elle, que le voile du Samedi saint tombe."

(Hans Urs von Balthasar : Tu couronnes l'année de tes bontés, Salvator, 2003, p. 97).

Le cardinal Hans Urs von Balthasar, grand théologien du XXe siècle est mort en 1988. Jésuite est fondateur d'un institut séculier, il a laissé une oeuvre monumentale.