H. Urs von Balthasar

"Les serviteurs inutiles"

"La foi ne consiste pas à s’asseoir et à attendre, jusqu’à ce que le Seigneur vienne et nous serve avec sa grâce, mais elle reçoit son efficacité inconcevable (transplanter l’arbre dans la mer) au service du Seigneur devenu notre serviteur à tous et qui ne peut pas souffrir qu’on se laisse servir par lui sans agir (sola fides). Au contraire, le Seigneur considère comme tout naturel qu’on serve avec lui, ce qui signifie exactement qu’on le serve, car où je suis, là aussi sera mon serviteur (Jn 12, 26), et cela non en pensant orgueilleusement combien l’apport de mes services sera utile au Seigneur (sans moi, il ne pourrait rien faire), mais, inversement, dans la modestie de celui qui sait. Sans moi vous ne pouvez rien faire (Jn 15, 5). Puisqu’il a déjà tout fait pour nous, la juste manière de nous apprécier, prescrite par le Seigneur lui-même, est notre aveu : « Nous sommes des serviteurs inutiles, nous n’avons fait que notre devoir »."

(Hans Urs von Balthasar : Lumière de la Parole, Lessius, Bruxelles, 1997, p. 132).