H. Urs von Balthasar

"Ascension et Eucharistie"

"…l’Eucharistie est, comme l’Ascension et tout à fait littéralement, l’offrande d’une liberté : par son apparent retrait (qui est "bon pour vous") nous est offerte, au-dedans de son abandon eucharistique, la liberté d’accomplir la mission qu’il nous a confiée. Le retrait de son "être-à-nos-côtés" a rendu possible son "être-en-nous", en d’autres termes la communication de son Esprit : "Il est bon pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en allais pas, le Paraclet ne viendrait pas vers vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai" (Jn 16, 7). En fin de compte, le retrait porte sur ce qui empêcherait l’ultime intimité. Par-dessus tout, il faut se garder de considérer l’Ascension comme l’opposé de l’Eucharistie. Celui qui s’est une fois abandonné ne se reprend plus jamais. Mais pour faire participer ses disciples à l’offrande qu’il a faite de lui-même, il faut qu’il les exerce à accepter son retour à la maison de son Père. Il va auprès du Père, dit-il, afin que sa joie de Fils soit aussi pleinement la leur (Jn 17, 13)."

(Hans Urs von Balthasar : "Le premier né du monde nouveau", in Je crois en un seul Dieu, sous la direction d’Olivier Boulnois, Communio-PUF, 2005, pp. 218).

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