Pour les nouveaux baptisés

Cyrille de Jérusalem (315-368) : Cinq catéchèses de Cyrille de Jérusalem pour les nouveaux baptisés (extrait) :

Catéchèse I : Pour les nouveaux baptisés (extrait)

(Avec lecture de la première Epître catholique de Pierre, depuis "soyez sobres, veillez" (1 P 5, 8) jusqu'à la fin de l'Epitre.)

Je voulais depuis longtemps, enfants légitimes et très désirés de l'Eglise, vous entretenir de ces mystères spirituels et célestes. mais sachant qu'on se fie bien plus sûrement aux yeux qu'aux oreilles, j'attendais le moment présent pour vous trouver plus dociles à mes paroles, à la suite de votre expérience, et pour vous guider vers les prairies plus lumineuses et plus odorantes de ce paradis.
D'autre part, vous êtes devenus capables d'accueillir des mystères plus divins maintenant qu'on vous a jugés dignes du baptême divin et vivifiant. Donc puisqu'il faut dorénavant dresser la table pour vous nourrir d'enseignements plus parfaits, allons, je vais vous les donner avec soin pour que vous sachiez bien ce qui s'est passé en vous le soir de votre baptême.

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Catéchèse II : Du baptême (extrait)

Avec lecture de l'Epitre aux Romains de : "Ignorez-vous que tous, tant que nous sommes, baptisés dans le Christ Jésus, nous avons été baptisés dans sa mort ?" - jusqu'à : "Vous n'êtes plus en effet sous la loi, mais sous la grâce" (Rm 6, 3-14)

Sitôt entrés, vous avez ôté votre tunique ; c'était l'image de votre dépouillement du vieil homme et de ses actions. Vous vous êtes alors trouvés nus, imitant encore par là la nudité du Christ sur la croix ; c'est par cette nudité qu'il a dépouillé les principautés et les puissances et qu'il a ouvertement triomphé d'elles du haut de ce bois. Puisque les puissances adverses s'étaient installées dans vos membres, il ne vous est plus permis de porter cette vieille tunique, homme corrompu par les convoitises trompeuses. Que l'âme qui l'a une fois dépouillée ne s'en revête jamais plus, mais qu'elle dise avec l'épouse du Christ dans le Cantique des cantiques : J'ai ôté ma tunique, comment la remettrai-je ?

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Ainsi dépouillés vous avez été frottés d'huile consacrée, depuis le haut des cheveux jusqu'au bas du corps, et vous êtes entrés en communion avec l'olivier franc qui est Jésus-Christ. Détachés du sauvageon vous avez été entés sur l'olivier franc et vous avez eu part à la sève du Christ : elle chasse toutes les traces de la puissance adverse. De même, en effet, que le souffle des saints et l'invocation du nom de Dieu, à la manière d'une flamme violente brûlent et mettent en fuite les démons, de même cette huile consacrée reçoit par l'invocation de Dieu et par la prière, le pouvoir, non seulement de cautériser les traces de péché mais encore de faire fuir toutes les puissances invisibles du malin.

On vous a menés ensuite à la sainte piscine du divin baptême comme on a jadis porté le Christ, de la croix au sépulcre voisin. Et on a demandé à chacun de vous s'il croyait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Vous avez fait alors la confession salutaire, puis vous vous êtes plongés trois fois dans l'eau et vous en êtes ressortis : c'était un symbole des trois jours que le Christ a passés dans le tombeau.
De même en effet que notre Sauveur est resté trois jours et trois nuits dans le sein de la terre, de même vous aussi, en sortant pour la première fois, vous avez représenté le premier jour que le Christ a passé en terre et en vous replongeant dans l'eau, la nuit qui l'a suivi. De même que celui qui est dans la nuit ne voit plus, tandis que celui qui est dans le jour vit en pleine lumière, de même pendant votre immersion, comme dans la nuit, vous ne voyiez rien, mais à votre sortie de l'eau, vous vous trouviez comme en plein jour.

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Catéchèse III : De l'onction (extrait)

Avec lecture tirée de la première Epitre Catholique de Jean, depuis : "Vous aussi, vous avez une chrismation reçue de Dieu, et vous savez toutes choses" jusqu'à : "... et ne rougissons pas de lui en attendant qu'il vienne." (1 Jn 2, 20-28)

Baptisés dans le Christ et revêtus du Christ, vous êtes devenus conformes au Fils de Dieu. En effet, Dieu qui nous a destinés à l'adoption nous a conformés au corps glorieux du Christ. Devenus donc participants du Christ vous êtes à bon droit appelés christs et c'est de vous que Dieu a dit : Ne touchez pas à mes christs.
Vous êtes devenus christ (1) quand vous avez reçu la marque symbolique de l'Esprit-Saint ; et tout cela s'est accompli pour vous en image, puisque vous êtes les images du Christ.
Lorsque celui-ci fut baigné dans le Jourdain et qu'il eut communiqué à ses eaux les effluves de sa divinité, il en sortit, et le Saint-Esprit descendit réellement en lui, le semblable venant reposer sur le semblable.
Vous aussi, au sortir de la piscine des eaux sacrées, vous avez reçu l'onction qui symbolise celle qu'a reçue le Christ ; c'est le Saint-Esprit, dont le bienheureux Isaïe, prophétisant sur lui-même, a dit au nom du Seigneur : L'Esprit du Seigneur est sur moi ; c'est pourquoi il m'a oint ; il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres (Is 61, 1).

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Catéchèse IV : Du corps et du sang du Christ (extrait)

Avec lecture de l'Epître de Paul aux Corinthiens : "Quant à moi, j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis." (2 Co 11, 25)

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Jadis à Cana en Galilée, il a changé l'eau en vin, liqueur qui se rapproche du sang, et nous ne le croyons pas quand il change le vin en sang ? Invité à des noces corporelles, il accomplit ce merveilleux prodige et on n'admettra pas qu'il ait donné bien plus encore aux amis de l'époux , la jouissance de son corps et de son sang.

Prenons donc part avec une conviction entière au corps et au sang du Christ. Sous la figure du pain c'est son corps et sous celle du vin, c'est son sang que tu reçois, afin qu'ayant pris part au corps et au sang du Christ, tu ne fasses plus qu'un corps et qu'un sang avec lui. C'est ainsi que nous devenons des porte-Christ, son corps et son sang s'étant distribués dans nos membres. Ainsi, selon le bienheureux Pierre, nous devenons participants de la nature divine.

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Il y avait déjà dans l'ancienne alliance des pains de proposition, mais ceux-ci relevaient de l'ancienne alliance et leur existence a pris fin. Dans la nouvelle alliance, le pain est un pain céleste, et le calice la coupe du salut : ils sanctifient l'âme et le corps. De même en effet que le pain est approprié au corps, de même le Verbe s'adapte à l'âme.

Ne regarde donc pas le pain et le vin comme du pain et du vin ordinaires : ils sont le corps et le sang du Christ selon la parole du Maître. Si les sens te poussent à regarder ainsi, que la foi t'affermisse. Ne juge pas des choses par le goût, mais soit convaincu par la foi que sans aucun doute, c'est du corps et du sang du Christ que tu as été jugé digne.

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Te voilà instruit et que ce qui nous paraît du vin n'est pas du vin, quoi qu'en décide notre goût, mais le sang du Christ, et que c'est là ce qui faisait dire jadis à David dans les Psaumes : le pain fortifie le corps de l'homme pour que l'huile fasse briller son visage.
Fortifie donc ton corps en prenant ce pain comme un pain spirituel et fais briller le visage de ton âme. Puisses-tu, reflétant à visage découvert dans la pureté de ta conscience la gloire du Seigneur, allez de gloire en gloire en Jésus Christ notre Seigneur à qui appartiennent honneur, puissance et gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !


(1) Le mot "christ" signifie effectivement "oint" (qui a reçu l'onction).