"Nous avons besoin, assurément un besoin physique, biologique de présence humaine, mais il est très rare que ce
besoin de présence aille jusqu'à l'intimité, jusqu'au mystère de la personne, jusqu'à son secret éternel qui ne peut
se faire jour que dans des conditions privilégiées. Et toutes les relations humaines, la plupart du temps, sont tissées
de banalités et s'accomplissent dans le conventionnel. Chacun gardant son quant-à-soi, cache la privauté de son âme,
avoue à peine ses convictions véritables, en sorte qu'on a affaire, finalement, à une humanité passe-partout qui n'a
d'autre enracinement dans l'univers que ses besoins physiques. Il y a des moments priviégiés où, tout de même, la
rencontre humaine se fait, où le visage de l'autre apparaît sans masque, dans son authenticité, ce qui est très rare,
parce que, justement, pour qu'un homme puisse révéler son vrai visage, il faut qu'il atteigne au niveau de l'existence
le plus profond, là où sa vie s'enracine dans l'éternel. Et quand sommes-nous à ce niveau le plus profond où notre vie
s'enracine dans l'éternel et où nous sommes sûrs d'atteindre à la réalité de l'être humain ? Eh bien, c'est quand nous
sommes complètement libres de nous-mêmes. Nous devenons une présence quand tout est situé à l'intérieur de notre pensée
et de notre amour comme en sa source, c'est-à-dire quand nous sommes devenus nous-mêmes une offrande, un don, un
présent."
(Maurice Zundel : A l'écoute du silence, Tequi, 2011, pp. 119-120).
A méditer tout particulièrement par temps de covid, de masques et d'éloignement de chacun... !