François Varillon

Eléments de doctrine chrétienne

"L'emploi méthodique de la parabole [par Jésus] n'a pas pour but, comme on le dit parfois, de rendre l'intelligence du message plus facile. Il est d'autre part inconcevable que Jésus ait voulu "aveugler délibérément ses auditeurs en leur proposant, à la façon des oracles antiques, d'énigmatiques rébus" (P. Huby). Ce n'est pas Jésus qui classe a priori ses auditeurs en plusieurs catégories, de telle sorte que, parlant de façon énigmatique, il se réserverait de déchiffrer l'énigme pour les uns et de laisser les autres dans l'obscurité. S'il en était ainsi, on ne reconnaîtrait pas en Jésus le Dieu d'amour incarné pour le salut de tous. La théologie catholique affirme : Dieu veut que tous les hommes soient sauvés.

Mais la foi est essentiellement libre. Elle est liée à la bonne volonté. C'est à l'être moral que Dieu s'offre, non point à la seule raison. Un Dieu, qui se présenterait à l'intelligence de l'homme de telle manière qu'il suffirait de raisonner correctement pour adhérer à Lui ne serait point le Dieu vivant, mais une idole. Il n'y a pas de connaissance de Dieu sans conversion du coeur.

La source jaillit devant toutes les bouches ouvertes ou fermées. Dieu veut que tous soient désaltérés. Mais l'eau n'est donnée qu'à la bouche qui consent à s'ouvrir. Une grâce pénétrante en l'homme par effraction ne serait pas une grâce, mais un viol de la liberté. Là où il n'y a plus liberté, il n'y a plus amour."

("L'intelligence du coeur", in Eléments de doctrine chrétienne, DDB, 1960, p. 266.)

Né en 1905, près de Lyon, à Bron, François Varillon, jésuite, est mort en 1978, toujours dans la région lyonnaise.

Plus de quarante ans après sa mort, il demeure une grande figure du catholicisme français, Le rayonnement de cette personnalité, l’enseignement dispensé, l’accompagnement de mouvements de jeunes, ses conférences, ont fait de lui un éducateur qu’on n’oublie pas.
Effectivement, François Varillon s’est toujours attaché à former solidement les laïcs chrétiens. C’est ainsi qu’il a élaboré pour eux ses Éléments de doctrine chrétienne (1960) d’où l’extrait précédent est tiré. A son époque, il était connu de nombreux chrétiens, qu’il a pu rencontrer aussi bien au cours de ses conférences que pour l’accueil qu’il réservait à tous ceux qui manifestaient le désir de le rencontrer. Avec lui on pouvait parler de littérature, de théologie, mais aussi évoquer des projets personnels et recevoir ses conseils. Prédicateur très apprécié, il prêchait un Dieu intérieur, et a pu ainsi souligner, comme on le voit dans ce court extrait, l’importance de la liberté de l’homme : « Là où il n’y a plus liberté, il n’y a plus amour ».