Partant de
"Les mots "profond" et "profondeur" s’emploient dans la vie quotidienne, en poésie, en philosophie, dans la Bible, et dans beaucoup d’autres documents religieux, pour désigner une attitude spirituelle, bien que ces mots eux-mêmes soient empruntés à l’expérience de l’espace. La profondeur est une dimension de l’espace, et, pourtant, elle est en même temps le symbole d’une qualité spirituelle. Nombre de nos symboles religieux ont ce caractère qui nous rappelle notre finitude et notre asservissement aux choses visibles. Nous sommes et nous restons des êtres liés à leur sens, même quand nous-nous occupons de choses spirituelles. Il y a, d’autre part, une grande sagesse dans notre langage. Il intègre d’innombrables expériences du passé. Ce n’est pas au hasard, que nous employions certains symboles tirés du domaine des choses visibles, plutôt que d’autres, C’est pourquoi, il est souvent utile de chercher la raison des choix collectifs des générations précédentes. Cela peut avoir pour nous une signification ultime de découvrir ce qu’implique pour nous l’emploi de mots comme "profond", "profondeur" et "abyssal". Cela peut nous donner l’impulsion de rechercher de notre propre profondeur.
"Profond", au sens spirituel, a deux significations, soit il s’oppose à "superficiel", soit à "élevé". La vérité est profonde et non pas superficielle ; la souffrance est profonde, et non pas "élevée". La lumière de la vérité et les ténèbres de la souffrance sont toutes deux profondes. Il y a une profondeur en Dieu, et il y a une profondeur d’où le psalmiste crie vers Dieu. Pourquoi la vérité est-elle profonde ? Pourquoi la souffrance est-elle profonde ? Pourquoi emploie t-on le même symbole spatial pour les deux expériences ? Ces questions guideront notre méditation.
Toutes les choses visibles ont une surface. La surface est le côté des choses qui nous apparaît en premier. Si nous le regardons, nous savons ce que semblent être les choses. Mais, si nous agissons d’après ce que les choses et les personnes semblent être, nous sommes déçus. Nos attentes sont frustrées. Alors, nous essayons de pénétrer sous la surface des choses afin d’apprendre ce que les choses sont réellement. Pourquoi les hommes ont-ils toujours cherché la vérité ? Parce que la surface les décevait, et qu’ils ont appris, que la vérité qui ne déçoit pas, réside sous la surface, dans la profondeur. C’est pourquoi, les hommes ont creusé niveaux après niveaux. Ce qui leur semblait vrai un jour, ils le trouvaient superficiel le lendemain. Quand nous rencontrons une personne, elle nous fait une certaine impression, souvent nous réagissons en fonction de cette impression, et nous sommes déçus par son comportement effectif. Nous pénétrons un niveau plus profond de son caractère, et, pour quelque temps, nous sommes moins déçus. Mais, vite, cette personne peut faire quelque chose de contraire à nos attentes ; nous réalisons alors, que ce que nous connaissons d’elle est encore superficiel. À nouveau, nous creusons plus profondément dans son être véritable."
Cité d'après Jean-Marc Saint, www.eglise-reformee-mulhouse.org/tillich.
(1) Pour aller plus loin et lire le texte intégral de cette méditation, on peut se rendre sur le site de l'Eglise réformée de Mulhouse