Adrienne von Speyr (1902-1967)

Un extrait de Jean. Le discours d'adieu.

La venue du Seigneur, exigence pour le monde : se laisser initier à quelque chose de nouveau ?

"Le monde sait que la venue du Seigneur signifie pour lui une exigence en laquelle il découvre surtout les choses qu'il n'est pas prêt à donner : il ne veut pas renoncer à son propre point de vue, ne veut pas s'abandonner à la personne du Seigneur et se laisser ainsi transformer par lui selon la volonté du Père. Le sens de cette transformation lui échappe, bien que Dieu, dans sa promesse le lui ait précisé. Le monde qui tolérait en quelque sorte le Père, qui acceptait même sa loi et ne s'y opposait pas ouvertement, croit s'être acquitté ainsi du maximum. Se laisser initier à quelque chose de nouveau, qui ne cessera jamais d'être nouveau, il n'y consent pas.

Que peut exiger de plus l'auteur de la Loi ? Il faut que dans l'homme, la parole se transforme en vie, en quelque chose qui l'accompagne et le guide pas à pas et qui veut devenir plus important que son propre moi ; c'est une réalité qu'on ne peut jamais contrôler parce qu'elle demeure toujours quelque chose d'inachevé. Le monde ne veut pas de cela. Il veut être et rester ce qu'il est, sans se laisser transformer de cette manière dangereuse et incontrôlable."

(Adrienne Von Speyr : Jean. Le discours d'adieu, Lethielleux, 1983, pp. 55-57).

Adrienne von Speyr, médecin suisse, protestante s'est convertie au catholicisme en 1940, après sa rencontre avec le théologien Hans Urs von Balthasar, avec qui elle fonda un institut séculier, en 1944 : la communauté Saint-Jean.