Henri de Lubac

"Jamais Dieu n'est vu directement sans signe..." extrait de Sur les chemins de Dieu

"Partout, à travers le monde, c'est Dieu qui vient à nous, c'est son être qui nous sollicite. Partout, nous devrions pouvoir le rencontrer, partout, nous devrions le reconnaître. Que nous considérions le "grand monde" ou le "petit monde", le cosmos qui nous environne ou notre propre esprit, tout le réel qui s'offre à nous est, par tout lui-même, et d'abord par sa seule existence, le symbole ou le signe de Dieu. Non pas quelque signe artificiel, qui serait choisi après coup, et qui vaudrait par convention, mais un symbole naturel et pour nous nécessaire. Jamais Dieu n'est vu directement, sans signe ; mais à travers le monde, quoique obscurément, Dieu transparaît partout. Toute créature est, par elle-même, une théophanie. Tout est plein de traces, d'empreintes, de vestiges, d'énigmes. De partout s'échappent les rayons de la Divinité. Tout est ruisselant de l'unique présence. Si la science en nous, autant que l'ignorance, fait tort à la contemplation, si le regard de notre esprit s'arrête à l'écorce du monde, s'il n'y perçoit rien de sacré, la faute en est à quelque maladie de ce regard."

Lubac (Henri de) : extrait de Sur les chemins de Dieu, Cerf, 2006, pp. 107-108).

Le cardinal Henri de Lubac (mort en 1991) était entré dans la Compagnie de Jésus en 1913. Il fut l'un des experts du concile Vatican II. Artisan de la découverte des Pères de l'Eglise au XXe siècle, son travail théologique exerce sur l'Eglise contemporaine une influence profonde. L'extrait ci-dessus est tiré de Méditation sur l'Eglise, Aubier, 1953, pp. 190, 197.