"L'heure de la naissance n'est que le début de cette grande traversée qui conduit à l'heure de la passion... [...] Simplemenmt, l'heure n'est pas encore venue, et la salle n'est pas encore un lieu propice. La "salle" est pour le dernier repas, et nous n'en sommes pas là. Le thème du repas affleure pourtant par tous les pores du texte : Jésus va naître à Bethléem, "maison du pain", dans une "mangeoire" [...]
"Dans la naissance de ton fils, Marie, tout est déjà dit de sa passion. Il est la nourriture des hommes (déposé dans cette mangeoire, dans la "maison du pain"), couché langé comme un cadavre dans beaucoup de représentations iconographiques, et pour autant le ciel s'incline devant lui [cf. les anges et les bergers] [...] Dieu est glorifié dans la paix des hommes, et les êtres humains sont dits "bien-aimés" par le chant des anges, qui se font l'écho du chant de Dieu. L'inouï, c'est que nous sommes bien-aimés de Dieu et qu'il nous le chante. Combien de temps, de siècles et de larmes nous faudra-t-il pour entendre cela, y croire et en vivre ? L'inouï c'est aussi la possibilité de la paix, à laquelle il est si difficile de croire quand on est en plein conflit armé. Pourtant, c'est cela qu'annonce l'enfant que tu mets au monde. La possibilité de la fin de la haine. Cette promesse est comme un avant-goût de la résurrection."
(Lécu, Annne : A Marie, Lettres, Cerf, 2020, pp. 57 ; 58).
Anne Lécu, Dominicaine, Docteur en philosophie et en médecine, est médecin en milieu carcéral. Elle est auteur de magnifiques petits ouvrages publiés au Cerf, tous d'une profonde spiritualité.