"[Tel est] le bien auquel l'homme est convié, le sérieux de son oeuvre dans le monde : bien régir la création de Dieu
et la continuer correctement. Mais comment l'homme se comporte-t-il envers elle ? Comme il en joue ! Comme il la dévaste !
Comme il souille le monde de Dieu !
Dieu voit le désordre et ne perd pas patience. Que fait le maître quand son apprenti abîme continuellement les outils,
gâche les matériaux ? Il gronde, punit, et un beau jour il le renvoie. Il ne peut prendre sur lui d'avoir une patience
inépuisable, car il est faible et ses moyens sont limités. Dieu est tout-puissant, d'une richesse sans mesure et sans
bornes. Sa richesse et sa toute-puissance sont sa patience même. Comme il est bon que la patience de Dieu soit aussi grande
que sa toute-puissance ! Voilà pourquoi il peut toujours accorder un nouveau pardon. Toujours donner un nouveau délai.
Toujours laisser recommencer son oeuvre dans le monde, à partir du chaos de la liberté humaine."
(Romano Guardini : Le Dieu vivant, Alsatia, 1957, p. 73).
Le père Romano Guardini, théologien allemand, est mort en 1968. Il a tenu une place exceptionnelle parmi les courants théologiques du XXe siècle, préparant ainsi notamment le Concile Vatican II.
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