Pour mieux saisir ce qu'il faut entendre par "charité" :
"En toute circonstance, face à ceux qui ont des difficultés à vivre pleinement la loi divine, doit résonner
l’invitation à parcourir la via caritatis. La charité fraternelle est la première loi des chrétiens
(cf. Jn 15, 12 ; Ga 5, 14). N’oublions pas la promesse des Écritures : "Avant tout, conservez entre vous une grande
charité, car la charité couvre une multitude de péchés" (1 P 4, 8). "Romps tes péchés par les œuvres de justice, et tes
iniquités en faisant miséricorde aux pauvres" (Dn 4, 24). "L'eau éteint les flammes, l'aumône remet les péchés"
(Si 3, 30). C’est aussi ce qu’enseigne saint Augustin : "Comme en danger d’incendie nous courons chercher de l’eau pour
l’éteindre, […] de la même manière, si surgit de notre paille la flamme du péché et que pour cela nous en sommes
troublés, une fois que nous est donnée l’occasion d’une œuvre de miséricorde, réjouissons-nous d’une telle œuvre comme
si elle était une source qui nous est offerte pour que nous puissions étouffer l’incendie".
[Augustin : La première catéchèse, 14, 22]".
[...] Nous ne pouvons pas oublier que "la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère
pour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous
a d’abord été fait miséricorde".[Bulle Misericordiae Vultus (11 avril 2015), n. 9]. Il ne s’agit
pas d’une offre romantique ou d’une réponse faible face à l’amour de
Dieu, qui veut toujours promouvoir les personnes, car "la miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Église.
Dans son action pastorale, tout devrait être enveloppé de la tendresse par laquelle on s’adresse aux croyants. Dans son
annonce et le témoignage qu’elle donne face au monde, rien ne peut être privé de miséricorde".[Ibid., n. 10].
Certes, parfois "nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs.
Mais l’Église n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie
difficile".[Exhort. apostolique La joie de l'Evangile (24 novembre 2013), n. 47]".
(Exhortation apostolique sur La joie de l'amour, ch. VIII, n° 306 ; n° 310).
François évoque dans La Joie de l'Evangile la rencontre et la fraternité :
"De nos jours, alors que les réseaux et les instruments de la communication humaine ont atteint un niveau de
développement inédit, nous ressentons la nécessité de découvrir et de transmettre la “mystique” de vivre ensemble, de se
mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans les bras, de se soutenir, de participer à cette marée un peu chaotique
qui peut se transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane solidaire, en un saint
pèlerinage. Ainsi, les plus grandes possibilités de communication se transformeront en plus grandes possibilités
de rencontre et de solidarité entre tous. Si nous pouvions suivre ce chemin, ce serait une très bonne chose, très
régénératrice, très libératrice, très génératrice d’espérance ! Sortir de soi-même pour s’unir aux autres fait du bien.
S’enfermer sur soi-même signifie goûter au venin amer de l’immanence, et en tout choix égoïste que nous faisons,
l’humanité aura le dessous.
[...] L’isolement, qui est une forme de l’immanentisme, peut s’exprimer dans une fausse autonomie qui exclut Dieu et
qui pourtant peut aussi trouver dans le religieux une forme d’esprit de consommation spirituelle à la portée de son
individualisme maladif. Le retour au sacré et la recherche spirituelle qui caractérisent notre époque, sont des phénomènes
ambigus. Mais plus que l’athéisme, aujourd’hui nous sommes face au défi de répondre adéquatement à la
soif de Dieu de beaucoup de personnes, afin qu’elles ne cherchent pas à l’assouvir avec des propositions aliénantes
ou avec un Jésus Christ sans chair et sans un engagement avec l’autre. Si elles ne trouvent pas dans l’Église une
spiritualité qui les guérisse, les libère, les comble de vie et de paix et les appelle
en même temps à la communion solidaire et à la fécondité missionnaire, elles finiront par être trompées par des
propositions qui n’humanisent pas ni ne rendent gloire à Dieu."
(Exhortation sur la Joie de l'Evangile, 87 ; 89)