Danneels, Godfried (Cardinal)

"Le pain du ciel"

"Ce pain qui descend du ciel - cette manne -, c'est moi", dit Jésus. Autrement durable et nourrissant que la première manne, celle qui, au désert, tombait comme une rosée après le lever du soleil. Le pain de Jésus est un pain qui ne disparaît pas après une journée mais peut rassasier. Et même étancher la soif. Comme la Samaritaine disait : "Seigneur, donne-moi cette eau pour que je n'aie plus soif..." (4, 15), les Juifs disent : "Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là" (6, 34). Quand il s'agit de recevoir, les Juifs ont manifestement beaucoup en commun avec les Samaritains (cf. 4, 9).

Cependant, le pain de Jésus ne vient pas tout seul dans la bouche, comme la manne tombait du ciel : il faut la foi. Il ne suffit pas d'ouvrir toute grande la bouche, encore faut-il ouvrir son coeur. Alors ce pain donne bien davantage que ce que pouvait jamais donner la manne. Celle-ci coupait la faim, et, après une seule journée, elle était pourrie. Chaque jour, il fallait en ramasser à nouveau. Certes, Moïse a procuré un pain provenant du ciel, mais tous ceux qui ont mangé de ce pain sont morts : pas un n'est arrivé de l'autre côté du Jourdain. Mais le pain que donne Jésus donne la vie pour toujours : il nourrit par-delà la mort. Le nouveau Moïse emmène chacun au-delà du fleuve vers la Terre promise. Il ne laisse personne se perdre (cf. 6, 33)."

(Danneels, Godfried (Cardinal) : in Si tu connaissais le don de Dieu, Commentaire pastoral de saint Jean, Fidélité, Bruxelles, 2007, p. 84).