Cassingena-Trévedy, François

"Voici l'Epoux qui vient !"

"Voici l’Epoux qui vient !... Les prévoyantes se sont munies de lampes tempête, car c’est nuit de grand vent et de grande venue ! Elles se sont endormies comme les autres, sans doute, mais béatifiées par leur désir, c’est dans le Seigneur déjà qu’elles se sont endormies ; leur désir a passé la porte, si bien qu’elles sont déjà rendues à domicile. La nuit étoilée, la nuit enchantée est au-dedans, et la fête bat son plein pour les prodigues, au cœur de la maison. La lune et les étoiles mêmes sont entrées dans la salle de noce, avec les vierges sages, ces véritables filles du feu, pour illuminer le rire et la louange aux éclats. Faute d’huile, faute de vin aussi, la noce tournerait court ; l’un et l’autre, matière premières de la joie, proviennent de l’Esprit, mieux sont l’Esprit lui-même. Allez en acheter… Manière de dire ! Car l’Esprit Saint ne s’achète pas ; il se demande, il se reçoit gratuitement, lui, le désir en personne, éternel et subsistant, l’hypostase ardente dont le désir est l’autre nom. Alors, demandons-le, cet Esprit Saint, pour passer la nuit, pour passer la porte, lorsque le jour se déclarera à nous enfin, amoureusement."

(Frère François Cassingena-Trévedy : Sermons aux oiseaux - Cinquante homélies pour le temps qui demeure, Editions "Ad solem", 2009, 295 p.).