Enzo Bianchi

La lecture de l'Ecriture Sainte et la charité

"L'interprétation des Ecritures doit servir à édifier la charité : "Quiconque s'imagine avoir compris les divines Ecritures, ou du moins une quelconque partie d'entre elles, sans édifier, par leur intelligence, ce double amour de Dieu et du prochain, ne les a pas encore comprises" (saint Augustin, De doctrina christiana, I, 36, 40). On doit donc veiller longuement et avec une grande et amoureuse attention sur les Ecritures "jusqu'à ce que l'interprétation soit conduite à sa fin : le règne de la charité" (ibid. III, 15, 23). On retrouve ainsi un principe essentiel de la lecture spirituelle [...].
Le croyant, grâce à la foi, reconnaît dans l'Ecriture la Parole vivante, pénétrante, qui juge ses profondeurs (He 4, 12) et il y discerne une interpellation engageant sa vie ici et maintenant. Ce critère le porte à faire l'exégèse de l'Ecriture qui demande d'aimer Dieu et ses frères (Dt 6, 5 ; Lv 19, 18 ; Mc 12, 29-31 ; Mt 22, 37-40 ; Lc 10, 26-28) justement en aimant Dieu et ses frères dans la vie, et ceci le conduit à synthétiser [...] ce commandement dans le "commandement nouveau" : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés (Jn 13, 34)."
(Ecouter la Parole : Les enjeux de la lectio divina, Ed. Lessius, 2006, pp. 26-27).

Enzo Bianchi (né en 1943) est le fondateur et le prieur de la communauté de Bose (Italie du Nord), communauté mixte et oecuménique, qui est centrée sur la lecture de la Bible et sa méditation (Lectio divina).
Dans ce court extrait, il ajoute sa voix à celle d'Augustin pour nous montrer le but, la fin de toute lecture de l'Ecriture Sainte : cette fin, comme celle de toutes les paroles ou actions de la vie croyante, c'est encore et toujours l'amour.
On pourrait rappeler St Paul et appliquer ce verset bien connu à la lecture priante de la Parole de Dieu : "Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien." (1 Co 13, 2)