Pour profiter pleinement du commentaire de Blaise Arminjon, il est fortement reecommandé de lire auparavant le texte de l'évangile concerné : le chapitre 4 de l'évangile de Jean. La Samaritaine vient de quitter Jésus qui l'a bouleversée, abandonnant même sa cruche, et court appeler les Samaritains de son village : "venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. ... N'est-ce pas lui le Christ ?" (Jn 4, 29)...
"... on voit les compagnons samaritains, retournés en eux-mêmes, à leur tour, par le témoignage de la femme et la si évidente transformation opérée en elle, se hâter à sa suite vers Jésus. Ils sortent de la ville, ils viennent à lui. C'est, sobrement noté, le double mouvement de la conversion.
Les disciples de Jésus, pendant ce temps, pressent leur maître de manger des provisions qu'ils apportent. Ils l'avaient laissé en un tel état d'épuisement ! Maître, mange donc. Mais comment goûter à ces aliments ? Ne le comprennent-ils pas, la nourriture de Jésus est tout autre : J'ai à manger une nourriture que vous, vous ne connaissez pas (4, 32). Sa faim et sa soif, à tout moment, c'est la volonté du Père. C'est l'accomplissement de cette mission que le Père lui a confiée et pour laquelle il a été envoyé, celle du salut de tous les hommes. Déjà les Samaritains qui s'approchent comblent cette faim et cette soif. Ils sont les premiers, entre tous les païens, à avoir part à la Bonne Nouvelle du salut. Assurément, ils ne sont encore qu'un petit nombre, les premiers épis de la moisson. Mais levez les yeux, dit Jésus aux disciples, et observez les campagnes. Elles sont blanches à l'approche de la moisson (4, 35). Le printemps enjambe sur l'été ! Avec les Samaritains, c'est tout le peuple de Dieu déjà qui se prépare et s'annonce, qui est en marche vers Jésus.
S'élève alors, au terme de la longue scène, le choral des Nations. Ce n'est plus, désormais, sur tes dires que nous croyons, confessent les Samaritains ; car nous l'avons entendu nous-même, et nous savons qu'il est en vérité le Sauveur du monde (4, 42).
Sauveur, le mot n'apparaît qu'ici dans l'évangile de Jean. Et Sauveur non seulement d'Israël son peuple,
mais du monde entier
Nous voudrions voir Jésus. Avec St Jean (Jn 1 - 11),
DDB/Bellarmin, 1995, pp. 94-95).
Blaise Arminjon (1917-1998) jésuite, a publié chez Desclée de Brouwer trois commentaires bibliques, dont cet ouvrage magnifique (en deux volumes) sur l'Evangile de Jean : La Cantate de l'Amour, une lecture suivie du Cantique des Cantiques, avec le soutien des Pères de l'Eglise et grands spirituels qui l'ont commenté avant lui ; puis Sur la lyre à dix cordes (à l'écoute des Psaumes au rythme des Exercices de saint Ignace). Il a exercé dans son ordre des charges importantes de formation et de gouvernement, donnant inlassablement, à des frèrs et soeurs, religieux et laïcs, les Exercices de St Ignace.